L'Intégration africaine: les fondements d'une inclusion réussie.



L’intégration peut-elle contribuer au développement de l’Afrique ? La réponse à cette question paraît évidente, tant le réflexe au regroupement semble aujourd’hui être l’instinct qui garantit aux individus et au groupe la survie et la maîtrise de leur destin. Si l’on s’interroge par contre sur le fondement d’une intégration africaine réussie, la réponse à cette seconde question semble beaucoup moins évidente. C’est qu’à ce niveau l’embarras est grand : l’intégration africaine doit-elle reposer sur les dirigeants politiques ? Doit-elle au contraire avoir pour assise les peuples ? À y regarder de près, une intégration réussie ne repose-t-elle pas sur le désir de l’autre qui doit animer chaque africain ?

Une intégration africaine réussie ne saurait donc reposer sur les chefs d’États ou sur les peuples. Le faire serait s’exposer à des difficultés de toutes sortes, qui retarderaient ou biaiseraient le processus. Or l’ampleur des besoins des populations et les espoirs placés en l’intégration africaine, considérée comme le meilleur moyen de satisfaction de ces besoins, interdisent de tomber dans ces travers. Le succès de l’intégration africaine repose plutôt sur le désir de l’autre qui doit habiter tout africain. Avec ce désir, l’autre comme État, comme peuple ou comme individu n’est plus étranger ni étrange, mais il devient plutôt étrange de le considérer comme tel puisque désormais chacun est tendu vers tous par des sentiments de sympathie, de fraternité et de convivialité. C’est seulement en ce moment que frontières, barrières et cloisons tomberont. Mais comment cultiver et entretenir ce désir de l’autre ? Toute la difficulté semble se situer à ce niveau. Ici comme ailleurs, il faudra faire preuve d’imagination en trouvant des solutions originales et novatrices. C’est à ce prix que nous démentirons les propos du genre de ceux du Président de la République Française, Nicolas Sarkozy, lequel déclarait que dans l’imaginaire de l’africain « tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ».

Par Dr. Aly Sylla (Université de Bouaké)

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